énergie 12 décembre 2022

« Plage ». Pour le commun des mortels, tout comme pour le dictionnaire Le Robert en ligne, il s’agit d’un endroit plat et bas d’un rivage où les vagues déferlent. Et si possible éclairé par un soleil généreux et caressé par une brise douce et rafraîchissante. L’image d’Epinal par excellence. Mais demandez à Pierre, responsable énergie de BinHôme, au détour d’une conversation, de définir ce terme et vous vous rendrez compte qu’il apporte une tout autre signification. Ce dernier y voit cinq lettres capitales : Plan Local d’Action pour la Gestion Energétique. Déformation professionnelle pour cet ingénieur de formation qui rappelle l’importance pour les sociétés de logement social de maîtriser leur consommation énergétique afin de réduire leur impact environnemental.

Pour rappel, le secteur du bâtiment est le plus gros consommateur d’énergie à Bruxelles. « Il constitue à lui seul 70% de l’effort à fournir pour réduire les émissions de gaz carbonique », précise notre expert du département Gestion immobilière et technique. En effet, l’utilisation de sources fossiles d’énergie pour répondre aux besoins énergétiques (chauffage des bâtiments, transport, production industrielle, utilisation d’appareils domestiques…) est la principale source d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Ce sont elles qui contribuent aux dérèglements climatiques. A l’échelle mondiale, ces rejets ont augmenté de façon significative depuis le milieu du 19e siècle et la révolution industrielle.

Un avenir plus vert pour notre Planète bleue

Pour contrer ces effets néfastes sur la planète et construire un avenir plus vert pour les futures générations, chaque pays doit apporter sa pierre à l’édifice. Cela se joue notamment au niveau local. Ainsi, en 2006, l’instance régionale Bruxelles Environnement a lancé le fameux « PLAGE ». D’abord testée sur base volontaire, cette méthode a prouvé qu’il était possible de « réduire significativement la consommation énergétique des bâtiments en utilisant plus rationnellement l’énergie, sans forcément consentir à de gros investissements. Les gestionnaires immobiliers qui l’ont adoptée ont constaté de réels résultats suite aux actions menées : 15 à 20 % de réduction en consommation de chauffage, une stabilisation voire une légère baisse de la consommation électrique, un maintien du confort pour les occupants et un retour sur investissement de cinq ans en moyenne », explique-t-on du côté de l’administration publique.

« Centrée sur l’efficacité énergétique, la démarche PLAGE permet de maîtriser les coûts des consommations énergétiques, d’améliorer le confort des usagers et de diminuer l’impact environnemental des activités grâce à un processus d’amélioration continue ». Concrètement, ce plan se construit sur plusieurs étapes : désigner et former un responsable énergie, sensibiliser les occupants, établir un cadastre et une comptabilité énergétiques, définir un programme d’actions et le mettre en œuvre en respectant un planning de réalisations, suivre les résultats grâce à la comptabilité énergétique.

306 tours du monde en avion

Depuis le 1er juillet 2019, toutes les entreprises propriétaires ou occupantes de bâtiments de plus de 100.000 m2 à Bruxelles doivent mettre en place un PLAGE afin de réduire leur consommation énergétique. Entre 150 et 200 entités sont concernées, soit 75% d’organismes publics et 25% de privés. Autrement dit, un cinquième du bâti bruxellois. Cette obligation est un des leviers qui devrait permettre à la Région bruxelloise de respecter ses engagements internationaux en matière de climat et d’énergie. Dans ce cadre-là, BinHôme, en tant que société immobilière de service public, a un rôle à jouer. Déjà volontaire lors d’un précédent cycle non-obligatoire qui a fourni des résultats probants en termes de réduction de consommation énergétique, le bailleur social poursuit ses engagements avec un nouveau plan d’action ambitieux lancé l’année passée. 73 bâtiments ont été encodés dans le cadre de ce programme, soit une surface chauffée de 175.000 m2.

« Le plan se divise en quatre types d’action », explique Pierre. « Il y a tout d’abord le comportement des locataires. Nous menons des campagnes d’information et de sensibilisation à l’utilisation rationnelle de l’énergie. Nous accompagnons les habitants afin qu’ils comprennent qu’en réduisant leur consommation, ceux-ci auront une meilleure maîtrise de leur facture. Ensuite, il y a les installations techniques, c’est-à-dire tout ce qui concerne l’entretien et la rénovation des chaufferies par exemple, mais aussi la mise en place de systèmes de régulation ». Troisième type d’action : les travaux sur les façades des bâtiments, comme le remplacement des châssis. Et enfin, la mise en place de technologies liées à la production d’énergie renouvelable. A ce propos, BinHôme a installé des panneaux solaires thermiques à divers endroits de son patrimoine afin de produire de l’électricité et de l’eau chaude.

Dans le cadre de ce vaste plan d’action, la société est tenue d’atteindre des objectifs chiffrés stricts sous peine d’astreinte. « Alors que nous sommes toujours dans la phase d’identification qui préfigure la mise en œuvre et que l’évaluation des résultats du PLAGE n’est attendu qu’en 2028, les premiers chiffres relevés auprès de notre patrimoine sont plutôt encourageants. En 2021, nous avons réalisé une diminution de 7,05% de la consommation énergétique, soit 11.009.481 kWh consommés, 2.268 tonnes de CO2, 5.897 tonnes d’ordures ménagères ou 306 tours du monde en avion », se réjouit le responsable énergie.